The cause of the Rebel 2ème partie

« A perfect harmony »

Dans les années 90, le Docteur Taibi Kahler s’agace vite quand on lui suggère de revoir les noms des types de personnalité pour leur teneur parfois négative. Il n’en voit pas l’intérêt. Pour lui, c’est du détail puisque le modèle Process Com n’est pas un modèle qui qualifie les personnes. Les types ne sont pas ce que la grammaire appelle des déterminants du nom ! Dans ma classe de Cours Élémentaire 2ème année de l’école du Port à Nice, ma maîtresse, Madame Camous, disait, adjectif qualificatif épithète.

J’ai beaucoup milité en France dans l’enseignement de la Process Com pour fixer des règles comme écrire les types en Majuscule et surtout ne jamais les accorder. Tout.e professionnel.le certifié.e au modèle se doit d’être très clair.e dans son enseignement. Nous ne dirons ni « une persévérante, ni une Base persévérante » C’est le type qui est Persévérant et pas la personne. Et nous avons une demi-douzaine de règles comme ça que bien peu de nos stagiaires avaient envie de respecter, préférant souvent rentrer dans leurs entreprises et faire du profil au doigt mouillé.

Mon associé et ami, alors Master Trainer en Process Com, Pierre Agnèse, est l’auteur de la charte éthique que l’on trouve encore en fin des supports de formation officiels. C’est là notre plus gros challenge en PCM. L’enseignement du modèle passe par l’appropriation d’un outil d’observation du comportement, et cet outil c’est la typologie de la structure de personnalité.

Donc nombreux sont ceux qui croient que PCM est un outil de profilage alors qu’il est tout l’inverse. Montre la lune au novice, le novice regardera ton doigt

Du coup, la question des mots choisis pour qualifier les Types (et non les personnes) a beau agacer Taibi Kahler, le risque est réel que ces mots nous échappent et deviennent des adjectifs. Alors nous voici face à un nouveau dilemme : l’infini champ des possibles perceptions.

Moi j’aime pas Travaillomane, j’trouve que ça fait obsédé !

Ah ben moi j’aime bien. J’me reconnais !

Moi, c’est Rêveur, j’ai honte d’avoir ça en Base …

Quoi ! C’est un compliment Rêveur.

Vous ne pensez-pas que Rebelle est inapproprié pour l’entreprise ?

Promoteur, ça fait vendeur de maisons… 

Concernant les noms des types, nous avons tout entendu. Et tout se tient… si on considère ces mots comme des adjectifs !

Les Français se trouvent tous uniques. 66 millions de personnes uniques, impossibles à mettre en boite ou étiqueter. Les Américains eux, supportent mieux de faire partie d’un groupe. Ils évoquent plus facilement que nous leur appartenance à des familles politiques ou religieuses. En France, l’on rechigne à appartenir. Être Français par exemple et mettre un drapeau dans son jardin est inconcevable sans craindre d’être taxé d’extrême droite. Les Américains sont fiers d’être Américains. Sont-ils fiers d’être Workoholic ou RebelThat is the question. Les mots-dits ne doivent pas le devenir (maudits).

Notre équipe Kahler France tient bon. Nous décidons de ne rien changer et d’enseigner l’éthique pour éviter de céder à la pression sémantique. Nous allons donc faire de la pédagogie… Nous décidons de garder les mots pour éviter d’en dramatiser l’importance. Et si vous me demandez, je trouve que nous nous en sommes plutôt bien sortis et que nous avions bien raison.

Au début des années 2010, un séminaire de distributeurs internationaux de la Process Com est organisé à Napa en Californie. Parmi les sujets à l’ordre du jour : des évolutions sur les fondamentaux du modèle Process Communication seront discutées, dont les noms des types de personnalité. Je suis convié au titre de Master Trainer Process Com et traducteur pour la langue française. Gérard Collignon et son fils Cyril sont là. Taibi est aussi venu avec son fils Bo. Les deux hommes rêvent de transmettre à leur fils leur entreprise. L’un rêve, l’autre pas. Finalement Bo Kahler ira faire une carrière de photographe explorateur et visiter le monde. Cyril, lui reprendra le flambeau.

Ce jour-là, à Napa, quand vient le sujet des noms des Types de personnalité, une énergie étrange est émise par notre groupe. Le sujet annoncé comme peu important pourtant génère beaucoup d’électricité dans l’air. Tout le monde a un avis ou une envie. Taibi, lui, toujours aussi peu motivé, acceptera pour la première fois la remise en question des libellés. Et là, mes chers Droogies, lecteurs attentifs, je me suis vu pour la première fois monter dans les tours de mon sixième étage Persister/Persévérant quand certaines propositions semblaient faire l’unanimité. Et bon d’là, je me suis bagarré.

La première de ces propositions consistait à s’aligner sur le vocabulaire usuel de la Process Thérapie qui proposait les noms suivants et dont la traduction en français eut été délicate pour le moins :

Believer (en français : croyant), Thinker (en français : penseur), Feeler (en français sentimental), Doer (faiseur), Funster (Rigolo). Pour Dreamer/Rêveur rien de nouveau. Je me rappelle l’état d’excitation dans lequel je me trouvais, à l’idée de rentrer en France avec Croyant, Faiseur et Rigolo !!! En anglais, Feeler ne veut pas vraiment dire sentimental, mais personne qui ressent les choses. J’étais moins choqué. Il me fut facile de défendre qu’en Europe, le terme « Croyant » même en anglais aurait du mal à passer.

Cependant, à ma grande stupéfaction, j’ai dû monter au créneau pour contre-argumenter le Faiseur et le Rigolo. Gérard et moi avons eu un moment d’étonnement en voyant que nos collègues semblaient majoritairement favorables. Notre surprise venant du fait que même en anglais ces options sonnaient très mal. Étant le bilingue de notre groupe, je suis intervenu alors pour mettre en perspective ce que Funster, « le rigolo » et Doer (« le faiseur ») signifiaient dans notre langue. La plaidoirie, sans doute inspirée par Saint Jérôme porta ses fruits et l’on se dirigea vers d’autres pistes.

J’oserai un avis, une fois n’est pas coutume, en affirmant qu’une des plus belles et importantes modifications faites sur le sujet à Napa sera l’adoption du terme « Harmonizer »pour remplacer le terme Reactor pour le type Empathique. Ce mot était déjà utilisé par le Docteur Robert « Bob » Maris, ami de Taibi Kahler et développeur d’une application Chrétienne de PCM appelée PSM (Process Spiritual Model). Cet homme exquis avait pour clients des pasteurs qu’il avait convaincus d’utiliser Process Com avec leurs ouailles. J’ai assisté en 2007 à la certification de certains d’entre eux à Little Rock, Arkansas et c’était passionnant. Quand Bob prit sa retraite, Kahler International ne donna pas suite à ce modèle. Séparer la religion du modèle était plus raisonnable pour un développement international.

Ainsi, Reactor est devenu Harmonizer (Harmoniseur) Rappelons que « Reactor » vient de son opposé négatif « Over-reactor » qu’on traduira par « Qui dramatise ». Avec le recul, ce terme eut été bienvenu pour le type Rebelle dont la Perception est la Réaction. Quand le dentifrice est sorti du tube, il n’est pas simple de l’y remettre. Je me souviens que la proposition de faire cette inversion de terme et utiliser Reactor à la place de Rebelle a fait long feu chez les Américains qui arguaient, à juste titre que nous allions générer de la confusion supplémentaire en reprenant un nom ancien.

L’autre décision, sur laquelle, je n’ai pas d’avis, fut de remplacer le terme « Dreamer » par « Imaginer ». Ceci ne fit pas débat. Quant à « Doer » à la place de Promoter, mon argument était qu’une personne de base promoteur aurait une préférence pour Promouvoir qui est plus prestigieux que faire.

Nous sommes rentrés de Napa avec dans nos valises une nouvelle question : Faut-il que nous revenions sur notre position à la faveur des changements faits à Napa ? Depuis quelques semaine, la réponse de Kahler France est oui.

Le voyage continue et comme disait le philosophe saltimbanque David Robert Jones : Je ne sais pas encore vous dire où nous allons mais je vous garantis que ce sera une belle aventure !

Jérôme